Le taux de chômage : un indicateur imparfait

Malgré un taux de chômage relativement bas en Suisse, environ 3 %, l’accès au marché du travail reste toutefois compliqué ! N’oublions pas que le 97 % de personnes actives ne sont de loin pas toujours à leur juste place. On peut penser qu’il y a environ entre 10 et 15 % qui ne sont pas occupés selon leurs compétences et leur expérience.

Un universitaire qui travaille comme vendeur dans une grande surface est considéré par les statistiques comme étant une personne active, tout comme un ingénieur qui travaillerait comme manœuvre sur un chantier ! C’est ce qui démontre que le taux de chômage est un indicateur imparfait. Trouver un emploi pour un jeune, tout comme pour un quinquagénaire, une femme au foyer, une employée de commerce ou un chômeur, n’est de loin pas chose aisée. Le secteur administratif et commercial regorge de candidates et de candidats. Il leur faut faire de très nombreuses postulations pour espérer décrocher un entretien.


Quelques Critères pour un marché du travail cohérent

  • Les collaboratrices et collaborateurs doivent pouvoir utiliser au moins le 80% de leurs compétences et de leur expérience à leur place de travail.
  • Le salaire octroyé doit correspondre aux normes de la branche et tenir compte de la formation, des compétences et de l’expérience.
  • L’engagement doit être sous la forme d’un contrat de durée indéterminée (non pas par une agence temporaire, pas de contrat de durée déterminée ou encore moins sur appel).
  • Le respect des conventions collectives de travail (CCT) et des normes de sécurité doit être assuré.
  • L’égalité entre hommes et femmes doit être garanti.


Quelques dysfonctionnements

  • Un grand nombre de personnes de la santé (infirmières principalement) ne veulent plus ou ne peuvent plus (usure physique et psychique, surcharge et horaires irréguliers) exercer leur métier alors que les besoins augmentent avec le vieillissement de la population. Nous sommes très ou trop dépendants de l’étranger dans le domaine de la santé. Dans quels domaines ces personnes pourtant bien formées vont-elles se recycler ?

  • Les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration, peinent à recruter des jeunes et des adultes pour assurer un service de qualité. Même des stations touristiques de renommée mondiale comme Zermatt, Crans-Montana, n’arrivent pas à recruter de la main d’oeuvre. Il s’agit de revaloriser ces branches et ces divers métiers.

  • La reconnaissance des diplômes étrangers est un réel parcours du combattant (SEFRI) ! Démarche longue, peu conviviale, ennuyeuse, alors que l’on prône la mobilité professionnelle ! Il faut à tout prix simplifier ces procédures.

  • Les certificats de travail ne sont pas élaborés avec professionnalisme. Souvent incomplets et confiés parfois à une secrétaire. Pire, dans certains cas, c’est la personne elle-même qui le fait ! Alors que beaucoup d’employeurs, lors d’un engagement, en font référence. Les certificats délivrés en France ne mentionnent que la durée de l’emploi. Ils peuvent être considérés comme négatifs par des employeurs suisses. Les Françaises et Français qui postulent dans notre pays sont ainsi pénalisés. Il s’agit d’informer nos patrons helvétiques de cette situation.

  • On ose encore parfois mentionner l’âge idéal (35 à 45 ans) sur des offres d’emplois ! Une carrière dure 45 ans et on ne serait attractif que durant 10 ans ! C’est plutôt inquiétant ! Cette mention ne doit plus être tolérée. Les responsables RH et les patrons de PME doivent mieux prendre conscience des compétences et des expériences des quinquagénaires (éthique, fidélité, endurance, résistance au stress, fiabilité, réseau relationnel, etc.).


Ces quelques points devraient faire l’objet de réflexions, de discussions, de propositions dans les partis politiques, voire d’interpellations, de postulats ou de motions au niveau national.


Bernard Briguet
Président de l’AS-VEC